DEUXIEME PARTIE - LE PROBLEME DE LA DESTINEE
Les Vies Successives - La Reincarnation et Ses Lois
CHAPITRE XIII
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Après un temps de séjour dans l'espace, l'âme renaît dans la condition humaine, en apportant avec elle l'héritage, bon ou mauvais, de son passé[1] . Elle renaît petit enfant, elle reparaît sur la scène terrestre pour jouer un nouvel acte du drame de sa vie, acquitter ses dettes antérieures, conquérir de nouvelles puissances qui faciliteront son ascension, accéléreront sa marche en avant. La loi des renaissances explique et complète le principe d'immortalité. L'évolution de l'être indique un plan et un but : ce but, qui est la perfection, ne saurait se réaliser dans une existence unique, si longue, si fructueuse fût-elle. Nous devons voir dans la pluralité des vies de l'âme la condition nécessaire de son éducation et de ses progrès. C'est par ses propres efforts, ses luttes, ses souffrances qu'elle se rachète de son état d'ignorance et d'infériorité et s'élève, degré à degré, sur la terre d'abord, puis à travers les demeures innombrables du ciel étoilé. La réincarnation, affirmée par les voix d'outre-tombe, est la seule forme rationnelle sous laquelle on puisse admettre la réparation des fautes commises et l'évolution graduelle des êtres. Sans elle, on ne voit guère de sanction morale satisfaisante et complète ; pas de conception possible d'un Etre qui gouverne l'univers avec justice. Si nous admettons que l'homme vit actuellement pour la première et la dernière fois ici-bas, qu'une seule existence terrestre est le partage de chacun de nous, il faudrait le reconnaître : l'incohérence et la partialité président à la répartition des biens et des maux, des aptitudes et des facultés, des qualités natives et des vices originels.
[1] Le temps de séjour dans l'espace est très variable, suivant l'état d'avancement de l'esprit. Il peut embrasser nombre d'années. En général, les esprits d'une même famille s'entendent pour se réincarner ensemble et constituer des groupes analogues sur la terre.
Pourquoi aux uns la fortune, le bonheur constant ; aux autres, la misère, le malheur inévitable ? à ceux-ci la force, la santé, la beauté ; à ceux-là, la faiblesse, la maladie, la laideur ? Pourquoi ici l'intelligence, le génie, et là l'imbécillité ? Comment tant d'admirables qualités morales se rencontrent-elles à côté de tant de vices et de défauts ? Pourquoi des races si diverses, les unes inférieures au point qu'elles semblent confiner à l'animalité ; les autres, favorisées de tous les dons qui assurent leur suprématie ? Et les infirmités innées, la cécité, l'idiotisme, les difformités, toutes les infortunes qui emplissent les hôpitaux, les asiles de nuit, les maisons de correction ? L'hérédité n'explique pas tout. Dans la plupart des cas, ces afflictions ne peuvent être considérées comme le résultat de causes actuelles. Il en est de même des faveurs du sort. Trop souvent, des justes semblent écrasés sous l'épreuve, tandis que des égoïstes et des méchants prospèrent.
Pourquoi aussi les enfants mort-nés et ceux qui sont condamnés à souffrir dès le berceau ? Certaines existences s'achèvent en peu d'années, en peu de jours ; d'autres durent près d'un siècle. Et encore, d'où viennent les jeunes prodiges : musiciens, peintres, poètes, tous ceux qui, dès le bas âge, montrent des dispositions extraordinaires pour les arts ou les sciences, alors que tant d'autres restent médiocres toute la vie, malgré un labeur acharné ? De même, les instincts précoces, les sentiments innés de dignité ou de bassesse, contrastant parfois si étrangement avec le milieu où ils se manifestent?
Si la vie individuelle commence seulement à la naissance terrestre, si rien n'existe antérieurement pour chacun de nous, on cherchera en vain à expliquer ces diversités poignantes, ces anomalies effroyables, encore moins à les concilier avec l'existence d'un Pouvoir sage, prévoyant, équitable. Toutes les religions, tous les systèmes philosophiques contemporains sont venus se heurter à ce problème. Aucun d'eux n'a pu le résoudre. Considérée à leur point de vue, qui est l'unité d'existence pour chaque être humain, la destinée reste incompréhensible, le plan de l'univers s'obscurcit, l'évolution s'arrête, la souffrance devient inexplicable. L'homme, porté à croire à l'action de forces aveugles et fatales, à l'absence de toute justice distributive, glisse insensiblement vers l'athéisme et le pessimisme.
Au contraire, tout s'explique, tout s'éclaire par la doctrine des vies successives. La loi de justice se révèle dans les moindres détails de l'existence. Les inégalités qui nous choquent résultent des différentes situations occupées par les âmes à leurs degrés infinis d'évolution. La destinée de l'être n'est plus que le développement, à travers les âges, de la longue série de causes et d'effets engendrés par ses actes. Rien ne se perd ; les effets du bien et du mal s'accumulent et germent en nous jusqu'au moment favorable à leur éclosion. Tantôt ils s'épanouissent rapidement ; tantôt, après un long laps de temps, ils se reportent, se répercutent d'une existence à une autre, selon que leur maturité est activée ou ralentie par les influences ambiantes ; mais aucun de ces effets ne saurait disparaître de lui-même. La réparation, seule, peut les supprimer.
Chacun emporte au-delà de la tombe et rapporte en naissant la semence du passé. Cette semence, suivant sa nature, pour notre bonheur ou notre malheur, répandra ses fruits sur la vie nouvelle qui commence et même sur les suivantes, si une seule existence ne suffit pas à épuiser les conséquences mauvaises de nos vies antérieures. En même temps, nos actes de chaque jour, sources de nouveaux effets, viennent s'ajouter aux causes anciennes, les atténuant ou les aggravant. Ils forment avec elles un enchaînement de biens ou de maux qui, dans leur ensemble, composeront la trame de notre destin.
Ainsi la sanction morale, si insuffisante, parfois si nulle, lorsqu'on l'étudie au point de vue d'une vie unique, se retrouve absolue et parfaite dans la succession de nos existences. Il y a une corrélation étroite entre nos actes et notre destinée. Nous subissons en nous-mêmes, dans notre être intérieur et dans les événements de notre vie, le contrecoup de nos agissements. Notre activité, sous toutes ses formes, est créatrice d'éléments bons ou mauvais, d'effets proches ou lointains, qui retombent sur nous en pluies, en tempêtes, ou en rayons joyeux. L'homme construit son propre avenir. Jusqu'ici, dans son incertitude, dans son ignorance, il le construit à tâtons et subit son sort sans pouvoir l'expliquer. Bientôt, mieux éclairé, pénétré de la majesté des lois supérieures, il comprendra la beauté de la vie, qui réside dans l'effort courageux et donnera à son oeuvre une plus noble et plus haute impulsion.
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La variété infinie des aptitudes, des facultés, des caractères, s'explique aisément, disions-nous. Toutes les âmes ne sont pas du même âge ; toutes n'ont pas gravi de la même allure leurs stades évolutifs. Les unes ont parcouru une carrière immense et s'approchent déjà de l'apogée des progrès terrestres ; d'autres commencent à peine leur cycle d'évolution au sein des humanités. Celles-ci sont les âmes jeunes, émanées depuis un temps moins long du foyer éternel, foyer inépuisable, d'où jaillissent sans cesse des gerbes d'intelligences qui descendront sur les mondes de la matière animer les formes rudimentaires de la vie. Parvenues à l'humanité, elles prendront rang parmi les peuplades sauvages ou les races barbares qui occupent les continents attardés, les régions déshéritées du globe. Et lorsqu'elles pénètrent enfin dans nos civilisations, on les reconnaît encore, facilement, à leur gaucherie, à leur maladresse, à leur inhabileté en toutes choses, et surtout à leurs passions violentes, à leurs goûts sanguinaires, parfois même à leur férocité. Mais ces âmes non évoluées monteront à leur tour l'échelle des graduations infinies au moyen de réincarnations innombrables.
Un autre élément du problème, c'est la liberté d'action de l'esprit. Aux uns, elle permet de s'attarder sur la voie d'ascension, de perdre, sans souci du but véritable de l'existence, tant d'heures précieuses à la poursuite des richesses et du plaisir. Aux autres, elle permet de se hâter sur les sentiers ardus et d'atteindre rapidement les sommets de la pensée, s'ils préfèrent aux séductions matérielles la possession des biens de l'esprit et du coeur. De ce nombre sont les sages, les génies et les saints de tous les temps et de tous les pays, les nobles martyrs des causes généreuses et ceux qui ont consacré des vies entières à accumuler, dans le silence des cloîtres, des bibliothèques, des laboratoires, les trésors de la science et de la sagesse humaine.
Tous les courants du passé se retrouvent, se rejoignent et se confondent en chaque vie. Ils contribuent à faire l'âme grande ou chétive, brillante ou obscure, puissante ou misérable. Chez la plupart de nos contemporains, ces courants ne réussissent à faire que des âmes indifférentes, sans cesse ballottées entre les souffles du bien et du mal, de la vérité et de l'erreur, de la passion et du devoir.
Ainsi, dans l'enchaînement de nos étapes terrestres, se poursuit et se complète l'oeuvre grandiose de notre éducation, la lente édification de notre individualité, de notre personnalité morale. C'est pourquoi l'âme doit s'incarner successivement dans les milieux les plus divers, dans toutes les conditions sociales, subir tour à tour les épreuves de la pauvreté et de la richesse, apprendre à obéir, puis à commander. Il lui faut les vies obscures, vies de labeur, de privations, pour apprendre le renoncement aux vanités matérielles, le détachement des choses frivoles, la patience, la discipline de l'esprit. Il faut les existences d'étude, les missions de dévouement, de charité, par lesquelles l'intelligence s'éclaire et le coeur s'enrichit de qualités nouvelles. Puis viendront les vies de sacrifice, sacrifice à la famille, à la patrie, à l'humanité. Il faut aussi l'épreuve cruelle, fournaise où l'orgueil et l'égoïsme se dissolvent, et les étapes douloureuses qui sont le rachat du passé, la réparation de nos fautes, la forme sous laquelle la loi de justice s'accomplit. L'esprit se trempe, s'affine, s'épure par la lutte et la souffrance. Il revient expier dans le milieu même où il s'est rendu coupable. Il arrive parfois que les épreuves font de notre existence un calvaire, mais ce calvaire est un sommet qui nous rapproche des mondes heureux.
Donc, il n'y a pas de fatalité. C'est l'homme, par sa propre volonté, qui forge ses chaînes ; c'est lui qui tisse, fil à fil, jour par jour, de sa naissance à sa mort, le réseau de sa destinée. La loi de justice n'est, au fond, que la loi d'harmonie. Elle détermine les conséquences des actes que, librement, nous accomplissons. Elle ne punit ni ne récompense, mais préside simplement à l'ordre, à l'équilibre du monde moral comme à celui du monde physique. Tout préjudice porté à l'ordre universel entraîne des causes de souffrance et une réparation nécessaire, jusqu'à ce que, par les soins du coupable, l'harmonie violée soit rétablie.
La destinée n'a d'autre règle que celle du bien et du mal accomplis. Sur toutes choses plane une grande et puissante loi, en vertu de laquelle chaque être vivant dans l'univers ne peut jouir que d'une situation proportionnée à ses mérites. Notre bonheur, malgré des apparences souvent trompeuses, est toujours en rapport direct avec notre capacité pour le bien. Et cette loi trouve sa complète application dans les réincarnations de l'âme ; c'est elle qui fixe les conditions de chaque renaissance et trace les grandes lignes de nos destinées. C'est pourquoi des méchants semblent heureux tandis que des justes souffrent à l'excès. L'heure de la réparation a sonné pour les uns ; elle est proche pour les autres.
Associer nos actes au plan divin, agir de concert avec la nature, dans le sens de l'harmonie et pour le bien de tous, c'est préparer notre élévation, notre félicité. Agir dans le sens contraire, fomenter la discorde, aiguiser les appétits malsains, travailler pour soi-même au détriment des autres, c'est répandre sur son propre avenir des ferments de douleur ; c'est se placer sous l'empire d'influences qui retardent notre avancement et nous enchaînent pour longtemps aux mondes inférieurs.
Voilà ce qu'il faut dire, redire et faire pénétrer dans la pensée, dans la conscience de tous, afin que l'homme n'ait plus qu'un but : conquérir les forces morales, sans lesquelles il sera toujours impuissant à améliorer sa condition et celle de l'humanité ! En faisant connaître les effets de la loi de responsabilité, en démontrant que les conséquences de nos actes retombent sur nous à travers les temps, comme la pierre lancée en l'air retombe sur le sol, on amènera peu à peu les hommes à conformer leurs agissements à cette loi, à réaliser l'ordre, la justice, la solidarité dans le milieu social.
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Certaines écoles spiritualistes combattent le principe des vies successives et enseignent que l'évolution de l'âme après la mort se poursuit uniquement dans le monde invisible. D'autres, tout en admettant la réincarnation, croient que celle-ci s'effectue sur des sphères plus élevées ; le retour sur la terre ne leur paraît pas être une nécessité.
Aux partisans de ces théories, nous rappellerons que l'incarnation sur la terre a un but, et ce but, c'est le perfectionnement de l'être humain. Or, étant donnée la variété infinie des conditions de l'existence terrestre, soit dans sa durée, soit dans ses résultats, il est impossible d'admettre que tous les hommes puissent atteindre un même degré de perfection dans une seule vie. De là, l'obligation de retours successifs, permettant d'acquérir les qualités requises pour pénétrer sur des mondes plus avancés.
Le présent ne s'explique que par le passé. Il a fallu toute une série de renaissances terrestres pour gagner le point où l'homme est actuellement parvenu, et il n'est guère admissible que ce point d'évolution soit définitif pour notre sphère. Tous ses habitants ne sont pas en état de transmigrer après la mort vers des sociétés plus parfaites. Tout, au contraire, indique l'imperfection de leur nature et la nécessité de nouveaux travaux, de nouvelles épreuves, pour parfaire leur éducation et leur permettre d'accéder à un degré supérieur de l'échelle des êtres.
Partout la nature procède avec sagesse, méthode et lenteur. Il lui a fallu des siècles nombreux pour façonner la forme humaine. La civilisation n'a pris naissance qu'après de longues périodes de barbarie. L'évolution physique et mentale, le progrès moral, sont régis par des lois identiques. Nous ne saurions y satisfaire en une seule existence. Et pourquoi aller chercher bien loin, sur d'autres mondes, les éléments de nouveaux progrès, alors que nous les trouvons partout autour de nous ? Depuis la sauvagerie jusqu'à la civilisation la plus raffinée, notre planète n'offre-t-elle pas un vaste champ au développement de l'esprit ? Les contrastes, les oppositions qu'y présentent, sous toutes leurs formes, le bien et le mal, le savoir et l'ignorance, sont autant d'exemples et d'enseignements, autant de causes d'émulation.
Il n'est pas plus extraordinaire de renaître que de naître. L'âme revient dans la chair pour y subir les lois de la nécessité. Les besoins, les luttes de la vie matérielle sont autant de stimulants qui l'obligent au travail, accroissent son énergie, trempent son caractère. De tels résultats ne pourraient être obtenus dans la vie libre de l'espace, par des Esprits jeunes, dont la volonté est chancelante. Pour avancer, il leur faut le fouet de la nécessité et les nombreuses incarnations au cours desquelles leur âme va se concentrer, se replier sur elle-même, acquérir le ressort, l'élan indispensable pour décrire plus tard son immense trajectoire dans le ciel.
Le but de ces incarnations est donc, en quelque sorte, la révélation de l'âme à elle-même, ou plutôt sa propre mise en valeur par le développement constant de ses forces, de sa connaissance, de sa conscience, de sa volonté. L'âme inférieure et nouvelle ne peut devenir consciente d'elle-même qu'à la condition d'être séparée des autres âmes, enfermée dans un corps matériel. Elle constituera ainsi un être distinct dont la personnalité va s'affirmer, l'expérience grandir, la progression s'accentuer en raison même de ses efforts pour triompher des difficultés et des obstacles que la vie terrestre multiplie sous ses pas.
Les existences planétaires nous mettent en rapport avec tout un ordre de choses qui constituent le plan initial, la base de notre évolution infinie ; elles se trouvent en parfaite harmonie avec notre degré d'évolution. Mais cet ordre de choses et la série des vies qui s'y rattachent, si nombreuses soient-elles, ne représentent qu'une fraction infime de l'existence sidérale, un instant dans la durée illimitée de nos destins.
Le passage des âmes terrestres sur d'autres mondes s'effectue sous l'empire de certaines lois. Les globes peuplant l'étendue diffèrent entre eux de nature et de densité. Les enveloppes fluidiques des âmes ne peuvent s'adapter à ces milieux nouveaux que dans des conditions spéciales d'épuration. Il est impossible aux esprits inférieurs, dans leur vie erratique, de pénétrer sur les mondes élevés et d'en décrire les beautés à nos médiums. La même difficulté se retrouve, plus grande encore, lorsqu'il s'agit de la réincarnation sur ces mondes. Les sociétés qui les habitent, par leur état de supériorité, sont inaccessibles à l'immense majorité des esprits terrestres, encore trop grossiers, insuffisamment évolués. Les sens psychiques de ces derniers, trop peu affinés, ne leur permettraient pas de vivre de la vie subtile qui règne sur ces sphères lointaines. Ils s'y trouveraient comme des aveugles dans la lumière ou des sourds dans un concert. L'attraction qui enchaîne leurs corps fluidiques à la planète ne lie pas moins leur pensée et leur conscience aux choses inférieures. Leurs désirs, leurs appétits, leurs haines, l'amour même les ramènent ici-bas et les attachent à l'objet de leur passion.
Il faut apprendre d'abord à dénouer les liens qui nous rivent à la terre, pour prendre ensuite notre essor vers des mondes plus avancés. Arracher les âmes terrestres à leur milieu avant le terme de l'évolution spéciale à ce milieu, les faire transmigrer sur des sphères supérieures avant la réalisation des progrès nécessaires, serait manquer de logique et de mesure. La nature ne procède pas ainsi. Son oeuvre se déroule, majestueuse, harmonique dans toutes ses phases. Les êtres que ses lois dirigent dans leur ascension ne quittent leur champ d'action qu'après avoir acquis les vertus et les puissances susceptibles de leur ouvrir l'accès d'un domaine plus élevé de la vie universelle.
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A quelles règles le retour de l'âme dans la chair est-il soumis ? Aux règles de l'attraction et de l'affinité. Lorsqu'un esprit se réincarne, il est attiré vers un milieu conforme à ses tendances, à son caractère, à son degré d'évolution. Les âmes se suivent et s'incarnent par groupes. Elles constituent des familles spirituelles, dont les membres sont unis par des liens tendres et puissants, contractés au cours d'existences parcourues en commun. Parfois, ces esprits sont éloignés les uns des autres, temporairement, et changent de milieu pour acquérir des aptitudes nouvelles. Ainsi s'expliquent, suivant les cas, les analogies ou les dissemblances qui caractérisent les membres d'une même famille, enfants et parents. Mais toujours, ceux qui s'aiment se retrouvent, tôt ou tard, sur la terre comme dans l'espace.
On accuse la doctrine des réincarnations de ruiner l'idée de famille, d'intervertir et de confondre les situations qu'occupent les uns vis-à-vis des autres, les esprits unis par des liens de parenté, par exemple les rapports de mère à fils, d'époux à épouse, etc.. C'est le contraire qui est la vérité. Dans l'hypothèse d'une vie unique, les esprits se dispersent après une courte cohabitation et, souvent, deviennent étrangers les uns aux autres. Selon la doctrine catholique, les âmes sont fixées après la mort en des lieux divers, suivant leurs mérites, et les élus sont séparés pour toujours des réprouvés. Ainsi, les liens de famille et d'amitié formés par une vie passagère se relâchent dans la plupart des cas et même se brisent à jamais. Tandis que par les renaissances, les esprits se réunissent de nouveau et poursuivent en commun leurs pérégrinations à travers les mondes. Leur union devient ainsi toujours plus étroite et plus profonde.
Notre tendresse spontanée pour certains êtres ici-bas s'explique aisément. Nous les avons déjà connus ; nous nous sommes rencontrés antérieurement. Combien d'époux, combien d'amants sont reliés par d'innombrables existences parcourues deux à deux ! Leur amour est indestructible, car l'amour est la force des forces, le lien suprême que rien ne peut briser.
Les conditions de la réincarnation sont telles que nos situations réciproques sont rarement interverties. Presque toujours nos degrés respectifs de parenté sont maintenus. Quelquefois, en cas d'impossibilité, un fils pourra devenir le frère plus jeune de son père d'autrefois, une mère pourra renaître la soeur aînée de son fils. En des cas exceptionnels et seulement sur la demande des intéressés, les situations seront renversées. Les sentiments de délicatesse, de dignité, de mutuel respect que nous ressentons sur la terre ne peuvent être méconnus dans le monde spirituel. Pour le supposer, il faudrait ignorer la nature des lois qui régissent l'évolution des âmes.
L'esprit avancé, dont la liberté s'accroît en proportion de son élévation, choisit le milieu où il veut renaître, tandis que l'esprit inférieur est poussé par une force mystérieuse à laquelle il obéit instinctivement ; mais tous sont protégés, conseillés, soutenus dans le passage de la vie de l'espace à l'existence terrestre, plus pénible, plus redoutable que la mort.
L'union de l'âme au corps s'effectue au moyen de l'enveloppe fluidique, de ce périsprit dont nous avons souvent parlé. Par sa nature subtile, il servira de lien entre l'esprit et la matière. L'âme est attachée au germe par «ce médiateur plastique», qui va se resserrer, se condenser de plus en plus à travers les phases progressives de la gestation et former le corps physique. Depuis la conception jusqu'à la naissance, la fusion s'opère lentement, fibre à fibre, molécule à molécule. Sous l'afflux croissant des éléments matériels et de la force vitale fournis par les générateurs, les mouvements vibratoires du périsprit de l'enfant vont s'amoindrir et se réduire, en même temps que les facultés de l'âme, la mémoire, la conscience, s'effacent et s'annihilent. C'est à cette réduction des vibrations fluidiques du périsprit, à son occlusion dans la chair, qu'il faut attribuer la perte du souvenir des vies antérieures. Un voile toujours plus épais enveloppe l'âme et éteint ses radiations intérieures. Toutes les impressions de sa vie céleste et de son long passé ont replongé dans les profondeurs de l'inconscient. Elles n'en émergeront plus qu'aux heures d'extériorisation ou à la mort, lorsque l'esprit, recouvrant la plénitude de ses mouvements vibratoires, évoquera le monde endormi de ses souvenirs.
Le rôle du double fluidique est considérable ; il explique, de la naissance à la mort, tous les phénomènes vitaux. Possédant en lui la trace ineffaçable de tous les états de l'être depuis son origine, il en communique l'empreinte, les traits essentiels au germe matériel. La clé des phénomènes embryogéniques est là.
Pendant la période de gestation, le périsprit s'imprègne de fluide vital et se matérialise suffisamment pour devenir le régulateur de l'énergie et le support des éléments fournis par les progéniteurs. Il constitue ainsi une sorte de canevas, de réseau fluidique permanent, au travers duquel passera le courant de matière qui détruit et reconstitue sans cesse, durant la vie, l'organisme terrestre. Ce sera l'armature invisible qui soutient intérieurement la statue humaine. Grâce à lui, l'individualité et la mémoire se conserveront, se perpétueront sur le plan physique, malgré les vicissitudes de la partie changeante et mobile de l'être. Et il assurera de même le souvenir des faits de l'existence présente, souvenirs dont l'enchaînement, du berceau à la tombe, nous fournit la certitude intime de notre identité.
L'incorporation de l'âme n'est donc pas spontanée, comme certaines doctrines l'affirment ; elle est graduelle et ne devient complète, définitive, qu'à l'issue de la vie utérine. A ce moment, la matière enserre complètement l'esprit, qui devra la vivifier par l'action des facultés acquises. Longue sera la période de développement, pendant laquelle l'âme s'appliquera à façonner sa nouvelle enveloppe, à la plier à ses besoins, à en faire un instrument capable de manifester ses puissances intimes. Mais, dans cette oeuvre, elle sera assistée par un Esprit préposé à sa garde, qui veille sur elle, l'inspire et la guide pendant toute la durée de son pèlerinage terrestre. Et chaque nuit, pendant le sommeil, et souvent dans le jour, durant la période enfantine, l'esprit se dégage de sa forme charnelle, retourne dans l'espace puiser des forces et des encouragements, pour redescendre ensuite dans son enveloppe reposée, reprendre le cours pénible de l'existence.
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Avant de reprendre contact avec la matière et de commencer une nouvelle carrière, l'Esprit, avons-nous dit, doit choisir le milieu où il va renaître à la vie terrestre. Mais ce choix est limité, circonscrit, déterminé par des causes multiples. Les antériorités de l'être, ses dettes morales, ses affections, ses mérites et ses démérites, le rôle qu'il est apte à remplir, tous ces éléments interviennent dans l'orientation de la vie en préparation. De là la préférence pour telle race, telle nation, telle famille. Les âmes terrestres que nous avons aimées nous attirent. Les liens du passé se renouent en des filiations, des alliances, des amitiés nouvelles. Les lieux mêmes exercent sur nous leur attirance mystérieuse, et il est rare que la destinée ne nous ramène pas plusieurs fois dans les contrées où, déjà, nous avons vécu, aimé, souffert. Les haines aussi sont des forces qui nous rapprochent de nos ennemis d'autrefois, afin d'effacer, par des rapports meilleurs, de vieilles inimitiés. Ainsi nous retrouvons sur notre route la plupart de ceux qui firent notre joie ou nos tourments.
Il en est de même de l'adoption d'une classe sociale, des conditions d'ambiance et d'éducation, des privilèges de la fortune ou de la santé, des misères de la pauvreté. Toutes ces causes si variées, si complexes, vont se combiner pour assurer au nouvel incarné les satisfactions, les avantages ou les épreuves que comportent son degré d'évolution, ses mérites ou ses fautes et les dettes par lui contractées.
On comprendra d'après cela combien le choix du milieu est difficile. Aussi, le plus souvent, ce choix, les Intelligences directrices nous l'inspirent, ou bien elles le feront elles-mêmes, à notre profit, si nous ne possédons pas le discernement nécessaire pour adopter, en toute sagesse et prévoyance, les moyens les plus efficaces pour activer notre évolution et purger notre passé.
Toutefois, l'intéressé reste libre d'accepter ou de reculer l'heure des réparations inéluctables. Au moment de s'attacher à un germe humain, lorsque l'âme possède encore toute sa lucidité, son Guide déploie devant elle le panorama de l'existence qui l'attend ; il lui montre les obstacles et les maux dont elle sera parsemée ; il lui fait comprendre leur utilité pour développer ses vertus ou dépouiller ses vices. Si l'épreuve lui paraît trop rude, s'il ne se sent pas assez armé pour l'affronter, il est loisible à l'esprit d'en reculer l'échéance et de rechercher une vie transitoire qui accroîtra ses forces morales et sa volonté.
A l'heure des résolutions suprêmes, avant de redescendre dans la chair, l'Esprit perçoit, saisit le sens général de la vie qui va commencer. Il la voit apparaître dans ses grandes lignes, dans ses faits culminants, toujours modifiables cependant par son action personnelle et l'usage de son libre arbitre ; car l'âme est maîtresse de ses actes. Mais dès qu'elle a prononcé, dès que le lien se noue et que l'incorporation s'ébauche, tout s'efface, tout s'évanouit. L'existence va se dérouler avec toutes ses conséquences prévues, acceptées, voulues, sans qu'aucune intuition de l'avenir subsiste dans la conscience normale de l'être incarné. L'oubli est nécessaire pendant la vie matérielle. La connaissance anticipée des événements néfastes qui vont surgir, la prévision des maux ou des catastrophes qui nous attendent, paralyseraient nos efforts, suspendraient notre marche en avant.
Quant au choix du sexe, c'est encore l'âme qui en décide à l'avance. Elle peut même en changer d'une incarnation à l'autre par un acte de sa volonté créatrice modifiant les conditions organiques du périsprit. Certains penseurs admettent que l'alternance des sexes est nécessaire, pour acquérir des vertus plus spéciales, disent-ils, à chacune des moitiés du genre humain ; par exemple, chez l'homme, la volonté, la fermeté, le courage ; chez la femme, la tendresse, la patience, la pureté.
Nous croyons plutôt, d'après les instructions de nos Guides, que le changement de sexe, toujours possible pour l'esprit, est, en principe, inutile et dangereux. Les Esprits élevés le déconseillent. Il est facile de reconnaître, à première vue, autour de nous, les personnes qui, dans une existence précédente, avaient adopté un sexe différent ; ce sont toujours, à quelque point de vue, des anormaux. Les viragos, au caractère et aux goûts masculins, dont quelques-unes portent encore la trace des attributs de l'autre sexe, par exemple de la barbe au menton, sont évidemment des hommes réincarnés. Elles n'ont rien d'esthétique ni de séduisant. Il en est de même de ces hommes efféminés, qui ont toutes les caractéristiques des filles d'Eve et sont comme des égarés dans la vie. Lorsqu'un Esprit a pris l'habitude d'un sexe, il est mauvais pour lui de sortir de ce qui est devenu sa nature.
Beaucoup d'âmes, créées par couples, sont destinées à évoluer ensemble, unies pour toujours, dans la joie comme dans la douleur. On les a appelées des âmes-soeurs ; leur nombre est plus considérable qu'on ne le croit généralement. Elles réalisent la forme la plus complète, la plus parfaite de la vie et du sentiment, et donnent aux autres âmes l'exemple d'un amour fidèle, inaltérable, profond ; on peut les reconnaître à ce trait, fortement accusé. Que deviendraient leur attachement, leurs rapports, leur destinée, si le changement de sexe était une nécessité, une loi ? Nous pensons plutôt que, par le fait même de l'ascension générale, les nobles caractères et les hautes vertus se multiplieront dans les deux sexes à la fois. Finalement, aucune qualité ne restera plus l'apanage d'un sexe isolé, mais l'attribut des deux.
Il est un point de vue, le seul, qui pourrait faire considérer le changement de sexe comme un acte imposé par la loi de justice et de réparation : c'est lorsque de mauvais traitements ou de graves dommages infligés à des personnes d'un sexe attirent dans ce même sexe les Esprits responsables, pour y subir à leur tour, les effets des causes qu'ils ont fait naître. Mais la peine du talion ne régit pas d'une manière absolue le monde des âmes, comme nous le verrons plus loin : il existe mille formes sous lesquelles la réparation peut s'accomplir et les causes du mal s'effacer. La chaîne toute-puissante des causes et des effets se déroule en mille anneaux divers.
On nous objectera peut-être qu'il serait inique de contraindre la moitié des Esprits à évoluer dans un sexe plus faible et trop souvent opprimé, humilié, sacrifié par une organisation sociale encore barbare. Nous pouvons répondre que cet état de choses tend à disparaître de jour en jour, pour faire place à une plus large équité. C'est par le relèvement moral et social et l'éducation forte de la femme que l'humanité se relèvera elle-même. Quant aux douleurs du passé, nous le savons, elles ne sont pas perdues. L'esprit qui a souffert des iniquités sociales recueille, de par la loi d'équilibre et de compensation, le résultat des épreuves subies. L'esprit féminin, nous disent les Guides, monte d'un essor plus rapide vers la perfection.
Le rôle de la femme est immense dans la vie des peuples. Soeur, épouse ou mère, c'est la grande consolatrice et la douce conseillère. Par l'enfant, elle tient l'avenir et prépare l'homme futur. Aussi, les sociétés qui l'abaissent s'abaissent elles-mêmes. C'est la femme respectée, honorée, éclairée, qui fait la famille forte, la société grande, morale, unie!
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Certaines attirances sont redoutables pour les âmes en quête des conditions d'une renaissance, par exemple les familles d'alcooliques, de débauchés, de déments. Comment concilier la notion de justice avec l'incarnation des êtres en de tels milieux ? N'y a-t-il pas là, en jeu, des raisons psychiques profondes et cachées, et les causes physiques ne sont-elles pas une simple apparence ? Nous l'avons vu, la loi d'affinité rapproche les êtres similaires. Tout un passé coupable entraîne l'âme arriérée vers des groupes qui présentent des analogies avec son propre état fluidique et mental, état qu'elle a créé par ses pensées et ses actions.
Il n'y a, en ces problèmes, aucune place pour l'arbitraire ou le hasard. C'est le mauvais usage prolongé de son libre arbitre, la poursuite constante de résultats égoïstes ou malfaisants qui attire l'âme vers des progéniteurs semblables à elle. Ils lui fourniront des matériaux en harmonie avec son organisme fluidique, imprégnés des mêmes tendances grossières, propres à la manifestation des mêmes appétits, des mêmes désirs. Une nouvelle existence s'ouvrira, nouvel échelon de chute vers le vice et la criminalité. C'est la descente vers l'abîme.
Maîtresse de son destin, l'âme doit subir l'état de choses qu'elle a préparé, voulu. Toutefois, après avoir fait de sa conscience un antre ténébreux, un repaire du mal, elle devra la transformer en temple de lumière. Les fautes accumulées feront naître des souffrances plus vives ; les incarnations se succéderont plus pénibles, plus douloureuses ; le cercle de fer se resserrera jusqu'à ce que l'âme, broyée par l'engrenage des causes et des effets créés par elle, comprendra la nécessité de réagir contre ses tendances, de vaincre ses mauvaises passions et de changer de voie. Dès lors, pour peu que le repentir la touche, elle sentira naître en elle des forces, des impulsions nouvelles qui la porteront vers des milieux plus purs. Elle y puisera des formes, des éléments mieux appropriés à son oeuvre de réparation, de rénovation. Pas à pas, des progrès seront accomplis. Dans l'âme repentante et attendrie, des rayons, des effluves pénétreront, des aspirations inconnues, des besoins d'action utile, de dévouement s'éveilleront. Cette loi d'attraction qui la poussait vers les bas-fonds sociaux se retournera en sa faveur et deviendra l'instrument de sa régénération.
Pourtant, le relèvement ne se fera pas sans peine ; l'ascension ne se poursuivra pas sans difficultés. Les fautes, les erreurs d'antan se répercutent en causes d'obstruction sur les vies futures. L'effort devra être d'autant plus énergique et prolongé que les responsabilités seront plus lourdes, et la période de résistance et d'obstination dans le mal plus étendue. A travers la rude remontée, le passé dominera longtemps le présent, et son poids fera fléchir plus d'une fois les épaules du marcheur. Mais d'en haut, des mains secourables se tendront vers lui et l'aideront à franchir les passages les plus escarpés. «Il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur repentant que pour cent justes qui persévèrent.»
Notre avenir est entre nos mains et nos facilités pour le bien s'accroissent en raison même de nos efforts pour le réaliser. Toute vie noble et pure, toute mission supérieure est le résultat d'un immense passé de luttes, d'échecs subis, de victoires remportées sur soi-même, le couronnement de longs et patients travaux, l'accumulation de fruits de science et de charité récoltés un à un au cours des âges. Chaque faculté brillante, chaque vertu solide a nécessité des existences multiples de labeur obscur, de combats violents entre l'esprit et la chair, la passion et le devoir. Pour parvenir au talent, au génie, la pensée a dû mûrir lentement à travers les siècles. Le champ de l'intelligence, péniblement défriché, n'a donné d'abord que de maigres récoltes, puis peu à peu sont venues les moissons de plus en plus riches et abondantes.
A chaque retour dans l'espace s'établit la balance des pertes et des bénéfices ; les progrès se mesurent et s'affermissent. L'être s'examine et se juge. Il scrute minutieusement sa récente histoire, écrite en lui ; il passe en revue les fruits d'expérience et de sagesse que sa dernière vie lui a procurés, pour s'en assimiler plus profondément la substance. La vie de l'espace, pour l'esprit évolué, c'est la période d'examen, de recueillement, où les facultés, après s'être dépensées au-dehors, se replient, s'appliquent à l'étude intime, à l'interrogation de la conscience, à l'inventaire rigoureux de ce qu'il y a dans l'âme de beauté ou de laideur. La vie de l'espace, c'est le pendant nécessaire de la vie terrestre, vie d'équilibre, où les forces se reconstituent, où les énergies se retrempent, où les enthousiasmes se raniment, où l'être se prépare aux tâches futures. C'est le repos après l'effort, le calme après la tourmente, la concentration paisible et sereine après l'expansion active ou le conflit ardent.
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D'après les théosophes, le retour de l'âme dans la chair s'effectuerait tous les quinze cents ans [2] . Cette théorie n'est confirmée ni par les faits, ni par le témoignage des Esprits. Ceux-ci, interrogés en grand nombre, en des milieux très divers, ont répondu que la réincarnation est beaucoup plus rapide. Les âmes avides de progrès séjournent peu dans l'espace. Elles demandent le retour à la vie de ce monde, pour y acquérir de nouveaux titres, de nouveaux mérites. Nous possédons sur les existences antérieures de certaine personne des indications recueillies sur des points très éloignés les uns des autres, de la bouche de médiums qui ne se sont jamais connus, indications parfaitement concordantes entre elles. Elles démontrent que dix, vingt, trente années au plus ont séparé ses vies terrestres. En tout ceci, il n'est pas de règle précise. Les incarnations se rapprochent ou se distancent suivant l'état des âmes, leur désir de travail et d'avancement et les occasions favorables qui s'offrent à elles. Dans les cas de mort précoce, par exemple pour les enfants en bas âge, elles sont quelquefois immédiates.
[2] Les livres théosophiques, dit Annie Besant, s'accordent à reconnaître que «une période moyenne de quinze siècles sépare les incarnations». La Réincarnation, page 97.
Nous le savons : le corps fluidique se matérialise ou s'affine suivant la nature des pensées et des actions de l'esprit. Les âmes vicieuses, par leurs tendances, attirent à elles des fluides impurs, qui épaississent leur enveloppe et en réduisent les radiations. A la mort, elles ne peuvent s'élever au-dessus de nos régions et restent confinées dans l'atmosphère ou mêlées aux humains. Si elles persistent dans le mal, l'attraction planétaire devient si puissante qu'elle précipite leur réincarnation.
Plus l'esprit est matériel et grossier, plus la loi de pesanteur a d'influence sur lui. Le phénomène inverse se produit chez les Esprits purs, dont le périsprit radieux vibre à toutes les sensations de l'infini, et qui trouvent dans les régions éthérées des milieux appropriés à leur nature et à leur état de progression. Parvenus à un degré supérieur, ces Esprits prolongent de plus en plus leur séjour dans l'espace ; les vies planétaires seront pour eux l'exception ; la vie libre deviendra la règle, jusqu'à ce que la somme des perfections réalisées les affranchisse pour jamais de la servitude des renaissances.
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